jeudi 12 mars 2009

La langue d'enseignement de Madagascar




Le choix de la ou des langues d'enseignement reposant essentiellement sur le contexte sociolinguistique, nous allons brosser celui de Madagascar à grands traits.


Le contexte sociolinguistique malgache

Madagascar possède une langue nationale unique, le malgache, qui fait partie de la famille des langues austronésiennes ou malayo-polynésiennes. Ainsi, malgré des variations linguistiques au niveau des régions et/ou du milieu social, les diverses composantes de la population peuvent se communiquer dans cette langue sans grandes difficultés.


Les Malgaches n'ont pas à recourir, dans la communication ordinaire, à la langue de l'ancien colonisateur, en l'occurrence le français.


Une des variétés (communément appelées "dialectes") de cette langue nationale, celle des hautes terres centrales où se trouve la capitale, a acquis le statut de langue officielle. A l'instar de l'anglais britannique standard ou du français standard, c'est la variété géographique du malgache en usage dans la capitale et plus encore, la variété des élites, qui fait fonction de variété de langue officielle.


Initialement écrite en caractères arabes, cette variété a été transcrite pour la première fois en caractères latins par des missionnaires protestants britanniques au cours de la traduction malgache qu'ils ont faite de la Bible.


Ce qu'on a coutume d'appeler "malgache officiel", qui est quasiment la seule variété à être utilisée à l'écrit, domine de fait les autres variétés du malgache. Dans une certaine mesure, cette langue officielle se trouve ainsi être à la fois instrument de promotion sociale et facteur de cohésion et d'unification. Cependant, comme toute langue officielle, elle est aussi facteur d'inégalité sociale, de domination linguistique et culturelle, voire en certaines circonstances de divisions politiques. Il y a donc diglossie entre la variété officielle du malgache et les variétés non officielles.


A cette première diglossie s'ajoute une seconde : la domination du français standard sur la langue nationale - le malgache -, entendu comme étant l'ensemble de ses variétés. Le français demeure le principal outil de promotion sociale et d'ouverture culturelle et économique, celui qui permet de poursuivre des études de haut niveau et d'obtenir un "bon" emploi. Ainsi que le français est "une langue dont la maîtrise était la condition essentielle de la réussite sociale."


"Les élèves voient dans le français un moyen d'acquisition de connaissances, de mobilité géographique et sociale, ainsi que d'ouverture sur le monde extérieur. Il semble également que pour eux, le malgache et le français sont complémentaires : le premier assumant une fonction de communication ordinaire, pour les activités plutôt informelles, et le second pour les études et les activités formelles. Ceci confirme l'existence de la diglossie entre le malgache et le français."






2 commentaires:

  1. Découverte intéressante de cette réalité de la diglossie (un grand mot!). En fait, qu'il y ait en même temps un malgache officiel et un français hérité de l'histoire coloniale est un bon signe d'intégration nationale d'ouverture à l'universel. Ceci n'est pas le cas dans d'autres anciennes colonies. En ce qui concerne le Bénin par exemple, on n'est pas encore arrivé à adopter une langue nationale, que tout le monde apprendrait à l'école. Prédomine encore le sentiment d'appartenance régionale alimenté surtout par les politiques. Nous pensons qu'un pas devrait être fait pour un consensus linguistique. D'aucuns trouvent cela impossible du fait de la pluralité de dialectes et langues régionales. Mais cela n'est qu'une idéologie. La preuve c'est ce que vous nous faites savoir.
    Moïse

    Quant à moi, je pense que cet article est très intéressant. Il me permet d'enrichir ma culture générale sur des pays que je ne connaissais pas: En effet, après avoir eu de nombreuses informations sur le Bénin, lors de l'exposé de Moïse et Gérard, ce que vous nous faites partagé m'est très intéressant dans une perspective d'ouverture au monde...
    Merci encore pour cet important et nécessaire enrichissement...
    Candice

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour votre remarque, cela nous pousse à enrichir notre expérience
    Jeanne d'Arc et Annick

    RépondreSupprimer