jeudi 5 mars 2009

La langue

La langue comme tout élément vivant bouge, se transforme et même si - heureusement - cela se fait lentement ce qui fait que la norme linguistique demeure, les variantes, les intonations, les lexèmes changent, l'impact du discours change et se modifie en fonction des protagonistes et de la société, elle-même inscrite dans un environnement mondial qui conditionne et influe sur les manières d'être et de dire.

D'où, l'intérêt majeur de travailler avec des supports vivants, documents authentiques tels que journaux, chansons, films contemporains, qui ouvrent des fenêtres sur l'état de la langue telle qu'elle est vécue par des Français «hic et nunc» - ici et maintenant- dans la société contemporaine.

Il n'y a pas de parole sans acte et pas d'acte sans situation et pas de situation sans contexte.
Apprendre une langue nouvelle, c'est expérimenter dans son corps
- des sons nouveaux (une autre musique),
- des articulations nouvelles (donc modifier ses habitudes articulatoires) avec l'apprentissage de la phonétique de langue,
- mémoriser des mots nouveaux qui « disent le monde d'une manière nouvelle ». C'est s'inscrire dans une syntaxe nouvelle, celle du français qui donne une place prépondérante au sujet suivi du verbe pour commencer la phrase ... (c'est donc modifier son rapport au monde et à l'autre).

C’est apprendre à converser avec l'autre avec

- un code non-dit de comportements (dimension non-verbale)
- remarquer des gestes d'accompagnement de la parole,
- les comprendre ou non, mettre la bonne intonation au bon moment, comprendre entre les mots ce qui est dit et ce qui n'est pas dit, saisir dans le flux de l'échange ce qui me différencie ou me ressemble dans cette langue et culture nouvelle.
Et, c'est par l'étude des différences linguistiques et culturelles que se construit cette connaissance de l'autre et de soi.

Enseigner le français en tant que langue étrangère, c'est, donc, être conscient de la richesse de cet apprentissage :

- richesse de la langue elle-même avec ses difficultés et ses beautés,
- richesse des comportements liés à des situations de communication multiples,
- richesse des classes sociales,
- richesse de la variabilité du discours
- richesse de la polysémie des mots (les connotations implicites du référent),
- richesse des mimiques, des gestes et des intonations qui soulignent le sens ou au contraire le détournent,
- richesse des textes en fonction de leur ancrage

Théorie et pratique, pratique et théorie, chiasme parfait de l'enseignement et de tout apprentissage.
Plus vous aurez de méthodes, plus vous serez libres d'agir.
La liberté pédagogique vient de la rigueur et des contraintes que l'enseignant sait mettre en œuvre dans la préparation de son cours et dans la clarté des objectifs choisis et progressifs.
Sans objectifs, pas de cours,
Sans rigueur, pas de liberté,
Sans méthode, pas de réussite.

Comme pour la gastronomie, l'harmonie des mets vient de la science culinaire du cuisinier… ... Manger trop n'est pas bien manger
Manger bien est manger équilibré ;
Ce principe diététique et culinaire peut s'appliquer à notre domaine d'apprentissage et d'enseignement : savoir choisir « son menu » en fonction de « son public» et de « ses objectifs » est la règle de base de notre métier.

Tout enseignement / apprentissage d'une langue étrangère dépend
- du cadre culturel, cognitif et affectif dans lequel l'apprenant déploie son activité et qui détermine ses représentations de la langue étrangère et de son apprentissage,
- de la situation institutionnelle où se réalise l'enseignement, et notamment ses implications sur le statut de la communication en classe,
- des activités de classe elles-mêmes, qui définissent l'activité de l'apprenant et orientent le sens de son apprentissage. »

Commençons, donc, par le sujet qui apprend puisqu'il est la personne sans laquelle il n'y aurait pas d'enseignement.
De plus, si l'on veut bien se rappeler l'héritage de l'historique des méthodologies de l'enseignement des langues au XXIème siècle, force est de constater qu'il n'y a de bonnes méthodologies que lorsqu'il y a adéquation du propos, du contenu et de la méthode liée à l'objectif défini pour un public choisi et demandeur.

Aussi est-il primordial de connaître la personne qui apprend, celle pour lequel se construit le choix du corpus (l'exposition à la langue) et bien sûr la méthodologie.
C'est sur lui et avec lui qu'il faut débuter notre réflexion car nous croyons le connaître et trop souvent, inconsciemment, nous projetons sur lui ce que nous avons été nous-mêmes dans notre histoire personnelle, dans nos souvenirs d'écoles.

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